Biographie
Henri Deluy est né à Marseille le 25 avril 1931 (et décédé dans la même ville le 20 juillet 2021). La famille de sa mère, Joséphine Berthelot, était originaire d’une petite ville piémontaise et résidait dans le quartier italien de Marseille. Employée en usine dès 15 ans, sa mère dirigea plus tard un salon de coiffure. Son père, Albert Deluy, était peintre en bâtiment et s’installera aux Goudes, haut lieu des souvenirs d’HD. Ses parents se séparent très tôt et il est confié à une amie de sa mère à Perpignan. Sa mère épousera un intendant de marine, Edmond Faure, qui fera revenir HD à Marseille et s’occupera de lui.
En fin de secondaire et déjà à l’écoute de la poésie contemporaine, il part voyager en Europe et s’arrête un moment aux Pays-Bas. Il y rencontrera sa future femme et mère de ses trois enfants, Ans van Soesbergen, qui l’introduira auprès des jeunes poètes et peintres néerlandais, notamment le groupe Cobra. C’est également lors de ce séjour et avec l’aide d’Ans van Soesbergen qu’il va développer un talent de traducteur de poésie, en maîtrisant assez rapidement le néerlandais pour le traduire à quatre mains. Il étendra par la suite ses compétences à bien d’autres langues.
Son intérêt pour la poésie, la peinture et, de façon générale, la culture et la langue néerlandaise restera une constante dans sa vie.
De retour à Marseille, il va se rapprocher de la grande revue littéraire Les Cahiers du Sud, dirigée depuis 1925 par Jean Ballard et qui publiait un grand nombre de jeunes et moins jeunes poètes : Brauquier, Peret, Butor, Clancier, Crevel, Ponge, Leiris etc., mais aussi Guglielmi, Malrieu, Viton, Todrani, Arseguel, Toursky, Neveu et tant d’autres.
HD reprend ses études, devient instituteur puis journaliste culturel à La Marseillaise. Toujours au début des années 50 il se lie avec Jean Malrieu et Gérald Neveu, fondateurs d’une nouvelle revue de poésie L’Action Poétique, ancrée dès le départ dans les luttes politiques et sociales du temps et dont la devise, “La poésie doit avoir pour but la vérité pratique”, était empruntée à Lautréamont. HD entre au comité de rédaction puis prend la direction de la revue en 1958. Le dernier numéro, L’intégrale, regroupe les 210 numéros d’Action Poétique sur un CD et sort en 2012.
En 1964 il part à Prague sous les auspices de la revue France-Tchécoslovaquie et de L’Union des écrivains tchèques, chargé d’apprendre la langue et de faire rayonner poésie et culture du pays en France. Il traduira ainsi, seul ou en collaboration, des auteurs tchèques et slovaques, dont Laco Novomesky et Jaroslav Seifert, avec François Kerel ou Jean-Pierre Faye.
En 1968 il quitte Marseille avec sa famille et s’installe à Ivry sur Seine où il sera conservateur de la bibliothèque municipale. À partir de 1975 et pour une dizaine d’années environ, il s’impliquera dans la librairie de sa compagne de l’époque, Élisabeth Roudinesco. La librairie s’appelle “La Répétition” et se spécialise en poésie, psychanalyse et cuisine…
En 1991, avec l’aide du conseil régional, il crée la Biennale des Poètes en Val de Marne, inspirée des nombreux festivals et autres rassemblements poétiques fréquentés au cours de ses voyages. Il en assurera la direction jusqu’en 2005, laissant la place à Jean-Pierre Balpe jusqu’en 2011 puis à Francis Combes jusqu’à la fin de la Biennale, pour retrait de subventions, en 2017.
Les évènements politiques qui ont secoué le siècle ont en grande partie déterminé sa vie, ses amitiés, son travail de poète. Action Poétique était très impliquée à gauche et HD fut d’abord proche, puis membre du PCF. Sa jeunesse fut marquée par la 2e guerre mondiale, la guerre d’Indochine, puis par la guerre d’Algérie. À Marseille, les manifestations contre la présence française en Algérie, les exactions de l’armée et les attentats de l’O.A.S agitaient aussi le milieu culturel.
Si son admiration pour la poésie russe, celle des pays de l’Est, celle de Cuba, ne faiblit jamais et se nourrit en partie de sa conscience politique et de ses voyages, elle fut aussi très tôt mêlée à la poésie portugaise, italienne, espagnole etc.
Il a toutefois refusé de tous temps l’appellation restrictive de “poète communiste”. Indigné par l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, il finit par s’éloigner un moment du parti et remettra radicalement en cause son adhésion au communisme version Staline. Ce n’est donc pas la vision politicienne du PCF qu’il entérine plus tard mais son propre “espoir dans un monde meilleur”, qui ne l’a jamais quitté. En 1968 il est à Paris, participe à l’occupation de l’hôtel de Massa, et Action Poétique devient un centre bouillonnant de discussions et de polémiques.
Il a beaucoup publié ; de la poésie d’abord, son travail et celui des autres dans le cadre d’AP et de ses nombreuses traductions, deux livres de cuisine, plusieurs anthologies et d’innombrables livres de plus petits éditeurs. Tout ce travail a été soutenu par des éditeurs très impliqués, de fortes amitiés et des amours solides. Ce site se veut un infime fragment d’une expérience très riche.
“Et tout ce que de ma vie
Je suis le seul à connaître.”
Quelques repères chronologiques :
1936-1938 : Front Populaire
1939-1945 : Deuxième Guerre mondiale
21-28 août 44 : Bataille de Marseille
1946-1954 : Guerre d’Indochine
1954-1962 : Guerre d’Algérie
1968 : Printemps de Prague
mai 1968 : soulèvements en France
août 1968 : invasion de la Tchécoslovaquie
1981 : Élection de François Mitterand à la présidence